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Ben Mazue à la Cigale - 20 novembre 2015

Première petite chronique de ce blog, pour raconter cette soirée avec Ben Mazué. Ben qui devient donc un peu mon parrain, sans le savoir. (Quelle belle idée de ne pas avoir consacré cette chronique à Nadine Morano) Ben Mazué, si tu le connais, tu sais qu’il est merveilleux. Si tu ne le connais pas, connais-le. Dépêche-toi. C’est vital. Il est merveilleux.

Vise un peu :

Comment parler de ce concert sans en évoquer le contexte ? Pas possible. Enfin si, certainement, mais j’ai pas envie en fait. Le 20 novembre 2015, c’est quelques jours après le 13. Pile une semaine pour être exact. Le 13 novembre 2015, c’est la nuit noire, celle où l’on découvre horrifiés qu’à Paris on peut se prendre une rafale de kalashnikov pendant qu’on prend un verre, qu’on dîne, qu’on écoute de la musique. La nuit où si tu es parisien tu as entendu tellement de sirènes et d’hélicoptères dehors. La nuit où tu as pleuré pendant des heures en regardant I-Télé. Et ça c’est si tu avais de la chance. Ça peut aussi être la nuit où tu as accueilli chez toi des gens apeurés. Ou la nuit où un de tes potes a failli mourir, où un de tes potes est mort. La nuit où tous ces gens sont morts et pendant un instant nous aussi avec eux, parce que ces gens c’était un peu nous.

Bon.

Du coup, le vendredi suivant, aller à un concert devient presque un acte militant. Nous voilà tous engagés, résistants, remontés comme des coucous à l’idée de montrer que le parisien, le français, il se laisse pas faire, il fait ce qu’il a envie (et il t’emmerde). Mais on ne va pas se mentir, si sur l’idée de ne pas laisser la peur nous diriger on est tous d’accord, concrètement on a quand même drôlement les miquettes. Pour ma part, il n’a jamais été question de ne pas aller à ce concert, mais une fois là-bas, mine de rien, quand je voyais une ombre bouger dans un coin mal éclairé, quand j’entendais un strapontin claquer, je ne pouvais pas m’empêcher d’y penser. Je ne peux pas non plus m’empêcher d’être troublée en publiant ici pour la première fois, aujourd’hui, dans cette atmosphère d’"après". Mais puisque ce sont (entre autres) des choses négatives et oppressantes dans ma vie qui m’ont poussée à trouver un peu de respiration ici, alors j’y vais quand même.

Revenons donc à Ben Mazué, roux, chanteur et talentueux (donc un genre d’homme idéal), et à la Cigale, l’une des plus mignonnes petites salles parisiennes. C’est vrai que c’est joli la Cigale, des sièges rouges, des moulures, tout ça, bon on est un peu assis dans des fauteuils à bascule mais c’est sympa.

Un concert de Ben Mazué, ça n’est pas un enchaînement de chansons avec au milieu des « bonsoir Paris ! », « ça va ? » et autres « j’entends rien !!! » (alors t’es sourd) Cet homme-là est bavard, drôle, un peu comédien aussi. Je crois que lui-même qualifie son spectacle de stand up musical. Grâce à des petites saynètes rigolotes et touchantes, il crée un lien entre ses chansons, entre lui et nous, entre les personnages de ses chansons et nous. Et du coup, entre nous tous dans la salle. (fais un schéma dans ta tête) On le retrouve recevant un Grammy, puis interviewé dans son appartement par Rebecca Manzoni sur France Inter, puis lisant la lettre de sa maman qui, de son Paradis imaginaire, lui écrit que ses enfants sont beaux mais que sa coupe de cheveux non. Tu souris, t’es triste, t’es embarqué. Ses textes eux-mêmes sont des petites histoires. On visualise, on imagine, on met des visages sur ses personnages, on s’y reconnaît, on reconnaît nos parents, nos amis, nos adolescences, nos quartiers. Le titre d’une des plus belles chansons de son dernier album résume bien tout ça : « Vivant ».

Le spectacle avait commencé avec des applaudissements et des cris de fous pour faire entendre aux victimes des attentats qu’on pensait fort à elles et qu’on continuait à kiffer en leur nom.


Il se termine de la même façon, tous debout, criant et tapant des mains pour célébrer cette belle soirée et la chance qu’on a eue de la vivre.

Les gens, plus que jamais, allez aux concerts. De Ben Mazué, de qui vous voulez. Parce que vous savez, cette belle union dont on s’est tous réjouis en janvier dernier, et qu’on retrouve depuis quelques semaines, et bien c’est ce qu’on vit pendant un concert. Toujours. Des gens qui ne se connaissent pas ne seront jamais plus « ensemble » que dans une même salle à écouter la même musique, à chanter les mêmes mots, à pogoter (ou à ronchonner contre son voisin pogoteur). Y a pas plus fédérateur.

Y a pas.

Vendredi 20 novembre, au concert de Ben Mazué à la Cigale, on n’était pas 1.000. On était 1.130.

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