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-M-archand de bonheur


Certains vendent du sommeil, d'autres des cailloux, d'autres encore du sable ou des glaces, Matthieu Chedid, lui, se glisse dans son costume de -M- et te vend du bonheur. Et quand je dis « vend », en fait c'est cadeau. T'emballe pas, la place n'est pas gratuite (crevard). Mais entre nous, qui pense encore à ses quelques euros quand pendant 2h30 il a des papillons dans son estomac, des larmichettes dans ses yeux et des badaboum badaboum dans son petit cœur ?


Tu trouves ça cucul ? T'as encore rien vu.

Amateur d'objectivité, passe ton chemin, ce qui va suivre est à mi-chemin entre l'hagiographie et la demande en mariage. Et encore, j'ai écrémé.

C'est donc parti pour un récit garanti 100 % love de la soirée du 15 septembre dernier.


Des concerts de -M-, j'en ai fait un certain nombre. Comme ça, à la louche, je dirais une vingtaine. A Paris, en province, à Londres, au Zénith, à l'Olympia, à la Cigale, en radio, en festival, l'été, l'hiver... Il faut dire qu'il est quasiment tout le temps en tournée et qu'il y a pas besoin de me le demander 2 fois. Dans ma grande créativité, j'en ai même fait une petite chanson, « J'attends Matthieu », sur l'air de « J'attends l'amour » de Jenifer, et je la décline en toutes circonstances. Dernier exemple en date : « j'attends Matthieu, Matthieu Chedid, j'attends Matthieu, à l'Elysée Montmartre, il peut venir, je suis prête pour la crémaillère, j'attends Matthieu, Matthieu Chedid ». C'est beau hein ?


Ce concert-là célébrait la ré-ouverture de l'Elysée Montmartre, célèbre salle parisienne ravagée par un incendie il y a quelques années. Du coup, double dose de kif : un joli lieu tout neuf pour plein de jolies soirées à venir, et bien sûr le Machistador, le Mister Mystère, la merveille de l'Ouest parisien (je ne sais pas où il habite mais l'est était déjà pris par Guy George), qui pour l'occasion avait mis les petits plats dans les grands et invité tous ses ptits potes à la compote.

Une amie à moi qui a des dons de voyance évidents avait prédit que ce serait -M- qui ferait ce concert de ré-ouverture. Comme elle dit aussi beaucoup de conneries, je ne l'avais crue qu'à moitié, et pourtant...


Je commence par te montrer à quoi ça ressemble, maintenant, l'Elysée Montmartre :



Quand Matthieu Chedid invite ses amis, c'est pas que t'as honte des tiens mais on va pas se mentir, ça claque. Il a sans doute dans son carnet d'adresses des gens pas connus, c'est pas la question, en revanche des gens sans talent, ça m'étonnerait. Tu me diras, on a tous du talent pour quelque chose. Certes. Mais reconnais que quand ton talent c'est, au hasard, la comptabilité, ça envoie bof du rêve.


Et ce soir, ça défile. Que des pointures, des gens que t'es déjà chanceux quand tu les vois séparément, sauf que là, le Matthieu, c'est sa tournée, et il a décidé de pas se foutre de ta gueule.


Pour ambiancer avant le début du concert, aux platines c'est Jérôme Pigeon. Je sais pas si ça te parle, mais moi c'est mon enfance, son tube "Cache cache party" avec son groupe Pijon je l'ai écouté des dizaines de fois...

Ca m'a fait super plaisir de le revoir.

Piqûre de rappel (tu apprécieras la qualité de la vidéo) :



-M- commence tout seul, mais ça ne durera pas, c'est presque comme si on les entendait tous trépigner en coulisses, impatients de venir nous rejoindre.

On danse le Mojo pour se chauffer et bim ! grimpe dans ta DeLorean, fais chauffer ton Tardis, nous voilà revenus quelques années en arrière, au temps de l'amour, des copains et de l'aventure, et on se fait un petit enchaînement « Le baptême »-« Souvenir du futur » dont tu me diras des nouvelles (ben ça va). C'est toujours cool les vieux titres, car ça permet : 1. d'entendre en live des chansons qui te rappellent l'époque où tu as découvert un artiste et où souvent tu était jeune, ce que tu n'es plus trop 2. de faire travailler ta mémoire (ne mens pas, sur la fin tu l'as bien le refrain mais le début c'est du yaourt et on t'aime quand même).


Déjà, à ce stade, on est bien.

Et puis Matthieu envoie une petite reprise tranquillou de « Sous les jupes des filles » d'Alain Souchon. « Pour fêter ça » nous dit-il. On voit pas super bien le rapport mais là encore, soyons honnêtes, est-ce qu'on comprend toujours où Matthieu veut en venir ? Non. Est-ce qu'on fait comme si on avait compris ? Oui. Est-ce qu'on a quand même envie de lui faire des bisous parce qu'il est trognon à parler en chuchotant (sans qu'on sache trop pourquoi non plus) ? Carrément.


Tant qu'on est dans les questions : comment se passer de Nach et Selim ? Alors là c'est simple on se fout complètement de la réponse, car ils sont là. Je t'ai déjà parlé d'eux, tu sais comme je les aime fort, n'y revenons pas car on n'est qu'au début et on a déjà du sucre ras les quenottes tellement tout le monde se kiffe. Mais bon, quand même, « Nostalgique du cool » par les 3, ça fait plaisir. On chante tous ensemble « tu dois retrouver ton enfance », et ça tombe bien parce qu'on sourit comme des gamins. On chante aussi avec eux, et certainement moins de sourire, « Charlie », écrite en ce vilain mois de janvier 2015. Ca pique mais on chante quand même. Merde alors.


Tu veux une petite photo bleutée de Nach et -M- ? Y a qu'à demander.



La soirée continue avec le souvenir de notre si cher Alain Bashung, et deux reprises : d'abord « Madame rêve », chantée par Matthieu, puis, et pour moi le premier TRES grand moment, « La nuit je mens », interprétée par Arthur H. Moi, la voix d'Arthur H, chantée comme parlée (si tu as l'occasion d'aller l'écouter lire de la poésie, fonce, c'est magique), elle me renverse. Y a tellement de choses dedans, tellement de profondeur, d'humanité, d'émotion, c'est à la fois sexy et si triste, je ne m'en lasserai jamais. Cette version est magnifique, tu mérites de l'entendre toi aussi :


Arthur et Matthieu alias H et M (les boulets....) sonnent ensuite l'heure de la récré et toute la foule gigote sur leur duo « Est-ce que tu aimes ? ».

Puis Arthur s'en va. C'est dommage. J'aime pas.

Penser à aller voir Arthur H sur scène très bientôt.


De nouveau seul, -M- se dit ça ne va pas durer avec la bande de fous furieux qui attend derrière, je profite d'être peinard 5 minutes et je balance mon petit hommage à Prince.

Attention je vais dire un truc un tout petit peu négatif sur Matthieu Chedid CECI N'EST PAS UN EXERCICE JE REPETE CECI N'EST PAS UN EXERCICE : bon, je suis pas super fan des paroles françaises de « Sometimes it snows in april ».

Voilà, c'est fini.

Niveau violence contre Matthieu Chedid je suis au max.


La seconde claque de la soirée, sur mes joues en tout cas, c'est l'arrivée de Seu Jorge et sa version de « Life on Mars » de David Bowie.

Là tu te dis : heu c'est une soirée chanteurs morts ou quoi ? Je comprends ton inquiétude. Surtout que tu commences à voir pointer la reprise de Claude François et que ça t'emballe moyen. Mais non, rassure-toi.

Que ce soit l'oeuvre de candidats de télé-crochets (Dieu nous préserve) ou de vedettes confirmées (Patrick Bruel, sache que j'ai chez moi une poupée vaudou à ton effigie dans laquelle j'enfonce régulièrement des piques brûlantes pour te punir de ce que tu as osé faire), on a tous entendu un paquet de covers de cette chanson. Trop en fait. Je ne suis pas a priori contre les reprises, même de chansons aussi mythiques, mais franchement, la plupart n'ont aucun intérêt, quand elles ne te font pas carrément saigner des oreilles (Patrick oui c'est toujours de toi que je parle).

Là, au contraire, ça prend tout son sens. Déjà, il n'y a aucune tentative de copiage. Seu Jorge sait évidemment que c'est pas beau de copier. Mais surtout il a sa propre voix, sa propre sensibilité, sa propre langue, et il propose donc sa version à lui, son interprétation. Et ça m'a laissée toute tremblante, comme la petite chose fragile que je suis. (maiheu si)

Ecoute un peu ça (on entend aussi hélas des bruits parasites dont je te parlerai tout à l'heure) :


Seu Jorge et -M- partagent ensuite un duo sur « Onde Sensuelle », et en effet c'est sensuel. Seu Jorge il est pas brésilien que sur son passeport, le mec chaloupe comme personne. Nous aussi dans le public on danse mais bizarrement c'est un peu plus empoté, en même temps moi ce que j'ai de plus brésilien c'est le lissage.


En parlant de sensualité, c'est Izia qui débarque ensuite sur scène. Comme un ouragan comme dirait la princesse. Dans « Qui de nous 2 », -M- compare sa guitare à une femme et forcément c'est un peu coquinou. Mais là on passe au stade supérieur et d'un coup l'Elysée Montmartre est chaude comme un camion à pizza. C'est pas complètement tous publics mais comme j'ai un chouilla plus de 18 ans je m'en fous et je crie comme une excitée (alors que je suis très calme en fait).


Les voilà, les deux fifous :



Puis c'est au tour d'Oxmo Puccino de venir déverser son flow sur « Machistador ». Je n'ai jamais eu la chance de voir Oxmo tout seul en concert mais je sais qu'il a très bon goût car la dernière fois que je l'avais vu c'était sur « Clint Eastwood » avec Damon Albarn à la Salle Pleyel.

(cette phrase contient plus de classe mondiale que l'intégralité de ce blog, car il y a Damon Albarn dedans)


Si tu as bien suivi, je me suis déjà pris 2 claques.

Jamais 2 sans 3.

Entrée de Yaron Herman, pianiste génial et chouchou absolu du monde entier. Bien que ce soit le rappel et que la salle soit déchaînée, il impose le silence et propose avec -M-, après une intro à tomber par terre, une version de « Je dis aime » quasi inédite puisqu'à ma connaissance elle n'a été jouée qu'une fois, cet été au festival « Jazz in Marciac ». Encore un moment où tu sais que tu es hyper privilégié(e).

Voilà la bête :



Je me permets de dire un truc rapidement : quand je dis que Yaron impose le silence, je précise que j'avais la chance d'être au premier rang, entourée de personnes qui étaient là pour assister au concert. Je sais que pour ceux qui étaient plus loin, c'était un poil compliqué et qu'ils étaient entourés d'un brouhaha incessant. Personnellement je n'ai jamais été VIP de rien du tout, et ça ne me gêne pas plus que ça. Certes, ça doit être sympa de ne pas faire la queue, d'avoir une bonne place réservée, de descendre quelques coupettes. Mais les gars, si vous recevez une invit' pour un concert qui ne vous intéresse pas, restez à picoler chez vous ! C'est super pénible de vous entendre, et on s'en fout de ce que vous avez à dire en fait, vous nous gavez. Voilà c'est dit.


Le concert se termine sur une version longue de « Mama Sam », tout le monde est là, tout le monde chante et danse, Izia engueule un peu son grand frère Arthur parce que non, il ne connaît pas l'Afrique mais ça se finit bien, et pour le coup ça se finit même tout court, c'est déjà l'heure de rallumer la salle. Elle doit être drôlement fière l'Elysée Montmartre parce que dis donc elle a eu une belle inauguration.


Hop, photo de groupe :



Je sais, mes photos sont assez moches. Mais je les laisse quand même car elles ont été prises de bon coeur.

Si tu veux voir de vraies photos de cette soirée, va voir celles de Yann Orhan, là-bas, elles sont belles belles belles comme le jour belles belles belles comme l'amour :


Et je n'arrêterai jamais de te le dire va à des concerts, va voir -M-, va voir qui tu veux en fait mais vas-y !!!!


Petits bisous


Remerciements : outre Matthieu Chedid, Nach, Selim, Arthur H, Izia, Seu Jorge, Oxmo Puccino, Yaron Herman et Jérôme Pigeon, cet article n'aurait pas pu exister sans l'aide d'Aline :)





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