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THE REVENANT (titre français : Poubelle la vie)




The Revenant, tout le monde en parle. Les récompenses pleuvent, le nom de Leonardo DiCaprio est sur toutes les lèvres, c’est LE film à ne pas rater.

A tel point qu’à force d’en entendre parler, la sortie française m’a semblée bien tardive. J’étais prête à y aller à Noël moi.


Mais là, ça y est, je l’ai vu, et je te dis ce que j’en ai retenu pas plus tard que tout de suite.

Je n'ai pas retenu que 3 choses mais j'essaye de synthétiser au lieu de partir dans tous les sens, t'es mignon tu me laisses ma chance.


La dimension écologique du film et sa résonnance avec l’actualité.


Je te rappelle brièvement l’histoire : dans les années 1820, en Amérique du Nord, un trappeur, Hugh Glass (Leonardo DiCaprio), père d’un jeune garçon dont la défunte mère était une indienne, est attaqué par un ours puis laissé pour mort et enterré vivant par l’un de ses co-équipiers (Tom Hardy). Commence alors pour lui un long chemin, tant physique que spirituel, pour retrouver son bourreau, se venger et tenter d’accéder à la paix intérieure.

(- Ca va toi, t’as passé une bonne semaine ?

- Ecoute, mitigée, je me suis fait éclater la tronche par un ours, on m’a balancé dans un trou et jeté de la terre par dessus, je sais même pas comment je me suis sorti de cette galère, après ça j’ai marché 300 bornes comme un con dans la neige, j’ai bouffé des trucs dégueulasses, mais bon, là ça va mieux, j’ai trouvé la paix intérieure.

Extrait de « Conversations avec Leonardo DiCaprio »)


En voyant la première bande-annonce il y a quelques mois, j’avais immédiatement pensé à Jon Snow, le héros un peu niais mais avec une jolie bouche de Game of Thrones. Le côté « winter is coming » sans doute.

Mais le film est radicalement différent. Il n’est pas ce que j’appellerais distrayant. Peu de concessions ont été faites pour le rendre « grand public ». La rudesse voire l’hostilité de la nature sont perceptibles, les rapports entre les hommes ne sont pas édulcorés, et la mise en scène n’a rien de putassier. Le recours quasi-exclusif à la lumière naturelle apporte ce contraste familier à ceux qui côtoient la vraie nature, entre combat permanent et apaisement total.

Cette immersion dans la nature juste au moment où l’homme commençait à l’exploiter pour ne plus jamais ralentir a trouvé une résonnance particulière pendant le tournage : les prises de vue ont en effet du être interrompues plusieurs mois pour cause d’absence de neige dans les lieux prévus en Amérique du Nord, obligeant finalement l’équipe à se délocaliser en Argentine.

Le dérèglement climatique, sujet cher à Leonardo DiCaprio, s’invitait donc sur la feuille de route.


Les indiens sont évidemment, et heureusement, des personnages essentiels du film. Si l'on sent l'affection que leur porte le réalisateur, l’approche est tout de même suffisamment subtile pour être crédible, et l’humanisme de l’écriture et de la mise en scène permettent, à mon sens, de ne pas juger trop radicalement les personnages, indiens ou blancs.

Bien sûr, on ne peut pas éluder la notion d’affrontement : batailles, commerce pas du tout équitable, enlèvement, viol, racisme plus ou moins ouvertement exprimé, meurtre… T'as compris, c'est pas la fête des voisins.

Mais le parcours intime du personnage de Leonardo DiCaprio permet de trouver un angle plus doux. On devine la grande histoire d’amour vécue avec sa compagne indienne ainsi que la tendresse sous-jacente derrière des rapports parfois rugueux avec son fils. Notamment, les scènes de rêve/hallucination sont très belles et apportent un peu de contraste à la brutalité du reste du film.

Il faut sans doute se replacer dans le contexte historique et social. S’il est évident aujourd’hui pour beaucoup (mais encore pas pour tous) que les unions entre personnes de couleurs différentes sont source de richesse et de beauté, à cette époque la norme était, je pense, le racisme primaire ou au minimum la peur de l’autre. C’était aussi une vie bien plus dure et violente que la nôtre, à base de lutte quotidienne contre les éléments (en revanche les historiens relatent très peu de problèmes de box qui plante, de ligne 13 bondée ou de pointes sèches). Le personnage de Tom Hardy, s’il n’est pas un enfant de choeur, ne peut donc pas être appréhendé comme il le serait aujourd’hui. Une scène permet d’ailleurs de connaître un peu de son histoire et de tenter de le comprendre.

Note de l’auteure : ça reste un fils de p***

Beaucoup de choses ont-elles changé malgré tout ? Oui et non. Oui, évidemment, le progrès est passé par là, la tolérance a aussi fait du chemin fort heureusement.

Mais ces réflexes de rejet de l'autre, cette destruction de la nature qui nous nourrit, cette violence qui ne demande qu'à sortir de chacun d'entre nous, ce besoin de supériorité, j'enfonce peut-être des portes ouvertes mais t'as l'impression qu'on en est débarassés ?

En se situant dans une époque différente et en nous faisant perdre, a priori, nos repères, le film nous montrerait-il au fond ce qu'on n'a cessé de faire depuis 2 siècles : empirer tout autant que s'améliorer ?

(bon ben réfléchis là-dessus moi je suis CRE-VEE)


L’ampleur du projet.


Un scénario qui traîne depuis plus de 10 ans, des réalisateurs et des acteurs tour à tour pressentis puis plus du tout, un tournage interminable dans des conditions éprouvantes, The Revenant rappelle Apocalypse Now, Titanic, ces films pour lesquels le metteur en scène s’est sérieusement demandé s’il n’aurait pas mieux fait de se casser une patte plutôt que de dire banco on vend la caravane.


A l’arrivée, le film est long, plus de 2 heures 30.

Je n’ai pas regardé ma montre, mais avant d’entrer dans le vif du sujet, c’est-à-dire l’attaque par l’ours et le début des vraies emmerdes pour Leo (qui n’était déjà pas plié en quatre de rire jusque là), je dirais qu’il se passe 45 bonnes minutes. Temps passé, comme on dit au Vieux Campeur, à planter le décor : le trafic de peaux de bison, le racisme des blancs envers les indiens, l’animosité entre les personnages joués par Tom Hardy et Leonardo DiCaprio (à tel point qu’on se demande bien comment leur chef peut penser une seule seconde à les laisser ensemble et que tout ira bien, il est pas méchant mais il est con aussi lui jte jure…).


Est-ce que pour autant j’irais jusqu’à dire que le film est lent ? Non.

Evidemment, tout le monde se déplace à pattes dans 3 mètres de neige chargé comme une mule, l’un d’eux a subi une attaque d’ours qui l’a laissé un peu chiffon (à mon avis il a aussi un problème de gluten), donc forcément, on n’est pas dans Fast and Furious. Mais le film maintient d’un bout à l’autre une certaine tension, voire de l’action. Certaines scènes sont hyper violentes, soit par leur niveau d’agressivité et d’hémoglobine soit par la brutalité intrinsèque de la situation, soit les deux (JE PENSE ICI A LA SCENE DU CHEVAL - OUI JE CRIE CAR JE NE M’EN SUIS PAS REMISE).

Mais même en dehors de cela, ça avance, lentement mais ça avance.

Et qui pourrait se plaindre des instants plus contemplatifs, quand ils permettent de profiter de ces images incroyables ? Entre la majesté des lieux (Canada, Etats-Unis et Argentine) et l’œil inspiré du metteur en scène, impossible de ne pas avoir le souffle coupé. Dire que c’est beau serait finalement presque réducteur.


La rencontre DiCaprio/Inarritu.


On ne présente plus Leonardo DiCaprio, cet homme qui aurait pu entretenir sa jolie petite gueule et enchaîner les comédies romantiques mais a préféré devenir l’alter ego de Martin Scorsese, mettre ses tripes sur la table à chaque rôle, militer pour l’écologie et pour se détendre jouer au jeu des 7 erreurs entre sa copine actuelle (22 ans, blonde, mannequin, longues jambes) et les 14 précédentes (mannequins, 19 à 24 ans, longues jambes, blondes). Le genre d’acteur ultra populaire et archi pointu en même temps, toujours étonnant, jamais sur ses acquis, ambitieux mais pas élitiste, belle gueule mais pas que, avec de la profondeur mais aussi le sens de la poilade (cf ses virées mémorables avec son dude Tobey Maguire), en un mot notre Léo. Un des ptits gars les plus choupinets de la galaxie (hashtag #cahiersducinéma).


Alejandro Gonzalez Inarritu est sans doute moins connu du grand public.

Déjà, retenir et prononcer correctement son nom complet relèvent d’un challenge niveau 8.

A titre de comparaison, Benedict Cumberbatch est un 7, car si phonétiquement c’est plus hardcore on peut toujours dire à la place « le mec qui joue dans Sherlock ».

Ayons tous ensemble ici une pensée pour M. Night Shyamalan, le seul homme dont on ne peut dire le nom que si l'on est ivre mort.

Même ses films les plus populaires, comme Babel sorti en 2006 et le récent et oscarisé Birdman, ne sont pas des blockbusters, on est loin de Star Wars. Néanmoins, c’est un réalisateur inspiré, respecté, récompensé de nombreuses fois, aussi bien dans des festivals assez haut de gamme que lors de cérémonies plus « légères » type Oscars ou Golden Globes, et il suffit de voir ses films pour se rendre compte que rien de tout ça n’est volé.

Rappelons aussi que son premier film, Amours chiennes, a révélé Gael Garcia Bernal.

Gael.

Garcia.

Bernal.

Voilà.

MERCI BEAUCOUP BEAUCOUP.


Lorsque le projet « The Revenant » a atterri entre les mains de ces deux-là, forcément, des chenilles d’impatience ont commencé à se former un peu partout dans le monde.


Je n’y connais rien en mise en scène. Je sais quand ça me plaît et quand ça ne me plaît pas, en gros.

(Et là tu te dis cette critique est super, je me régale...)

Ici, je dirais que je me suis souvent sentie en immersion dans le film, juste à côté de Leo, et que c’était pas toujours le bon endroit où se trouver : la bataille d’ouverture notamment, où j’avais l’impression que ma tête faisait un 360 permanent et que des flèches me rasaient les oreilles (comme à la mer de sable à Hermenonville, tu connais ?), l’attaque de l’ours aussi, où ça me picotait presque un peu dans le dos.

Je crois que je n’ai pas besoin d’être une spécialiste pour comprendre que cette réalisation contient des moments de pure bravoure, et qu’il faut avoir des testicules en béton et/ou être totalement inconscient pour se lancer dans quelque chose d’aussi dingue.

Mais en même temps, quelle sensation ça doit être… Travailler avec ses équipes dans des lieux aussi sublimes, voir ses acteurs donner vie à des semaines et des mois de préparation et de répétitions, et espérer sans doute qu’un jour des gens seront émus par ce travail.

C’est peut-être de pas y aller, en fait, qui serait le plus fou.


Et encore une fois, après déjà tant de « putain il est bon ce con » lancés en sortant d’une salle de ciné ou d’une soirée DVD, je me rends bien volontiers à l’évidence : Leonardo DiCaprio est un acteur exceptionnel. Puissant, bouleversant, généreux.

Ma dernière claque le concernant avait été « Le loup de Wall Street ». J’avais trouvé génial qu’il en fasse des tonnes, que c’était exactement ce qu’il fallait faire, que le dosage, car dosage il y a, j’en suis sûre, était parfait et qu’un autre acteur en aurait fait des tonnes + 1 kilo de trop, mais pas Leo.

Ici, dans ce rôle quasi muet, solitaire, en souffrance, en lutte contre tout et tous, il est tout aussi juste. Voir toute la peine du monde dans un regard, sentir la volonté et le désespoir d’un homme qui se remet debout, entendre la violence et la peur au travers d’une respiration, tous les comédiens ne te le donnent pas. Lui, oui.

Si un jour il fait du théâtre, je m’en fous je vends un rein s’il le faut mais je ne mourrai pas sans avoir vu ça. (sobriété)


Deux bémols tout de même


1. La scène où Leo se fait attaquer par une ourse. Dieu sait que j’aime les animaux, mais cette bête a très clairement un mauvais fond. On comprend bien qu’elle est inquiète pour son petit, il faut dire que Leo rôde dans la forêt attifé n’importe comment un fusil à la main, ça n’inspire pas confiance, on dirait José Bové à côté d’un Mac Do. Mais enfin, quand on s’approche un peu (et l’ourse s’approche beaucoup), on reconnaît Leonardo DiCaprio, bon sang ! Tu le vois faire du mal à un ourson ?! C’est pour ça que je maintiens que cette ourse a, au minimum, un sérieux problème de gestion de la colère.

En plus, c’est à croire qu’elle a fait médecine et qu’elle sait où frapper pour faire bien mal.

Note pour plus tard : vérifier si l’ours ne serait pas en fait Jack l’Eventreur.


2. Leonardo DiCaprio est beau.

Et son sex appeal n’est absolument pas exploité dans ce film !!! Déjà, il est camouflé sous des peaux de bêtes. Je veux bien qu’il fasse froid, mais dans ce cas Uniqlo fait de très jolies doudounes près du corps qui auraient été tout à fait appropriées. Et c’est pas tout. Il ne s’est manifestement ni lavé ni coupé les cheveux depuis le Moyen Age. Il bave. Il grogne. Il saigne. Pour fantasmer là-dessus, accroche-toi. C’est quand même pas compliqué, une douche, du dentifrice, un peigne, un sourire, un 501, je sais pas moi, faites un effort les gars.

Tu crois que j'exagère ?


Voici Leo dans The Revenant :


Voici Leo pas dans The Revenant :

Je t'entends plus là....


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En conclusion, car oui, on arrive à la conclusion, ne baisse pas les bras, je dirais que j'ai beaucoup aimé ce film, qu'il m'a bluffée, qu'il m'a touchée, que j'en ai pris plein les mirettes, qu'il m'a laissée admirative.

Il a déclenché chez moi beaucoup de réactions assez primaires comme la peur, la tristesse, la colère, la compassion, le sentiment d'injustice.

Je ne m'imagine pas courir le revoir la semaine prochaine tout de même, je crois que je ne suis pas assez cinéphile pour apprécier mieux une seconde fois tel placement de caméra, tel plan séquence ou je ne sais quoi, et honnêtement, en sortant j'ai eu l'impression d'en avoir bien bavé, ça m'a épuisée de suivre Leo comme ça, donc en principe la prochaine sortie ciné c'est Zoolander 2.


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Allez, maintenant va te faire ta petite idée par toi-même, ou si tu n'en as pas envie et bien reste chez toi, qu'est-ce que tu veux que je te dise.....


De mon côté je ne te cache pas que j'espère que cette critique viendra jusqu'aux oreilles de Leo et qu'il me demandera en mariage, subjugué par mon talent.


Et là tu ris.


C'est moche.


Bisous quand même.


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