top of page

John Oliver is the new sexy.


Mais John Oliver, c'est qui ?

C'est un acteur, et le présentateur d'un late show, aux Etats-Unis.

Attends, c'est quoi un late show ?

C'est une émission de télévision typique des programmes américains, diffusée en 3ème partie de soirée, consistant à mélanger actualité (politique, faits divers, culture, people) et humour, avec un animateur vedette qui propose des éditos et parfois des sketches.

Et pourquoi parler de John Oliver et pas d'un autre ?

Bon alors, j'irais pas jusqu'à dire que tu commences à me saouler avec tes questions mais c'est quand même bien imité.

Est-ce que je t'ai déjà laissé tomber ? Non. Alors tu me fais confiance, je vais tout te dire, non pas sur le zizi mais sur John Oliver.


Je reprends donc, calmement.


John Oliver c'est lui :


(la blague du phare à On)



Enfin, non. Enfin, si, enfin c'était lui. Maintenant il ressemble à ça :


(ainsi sois-je, ainsi sois-tu, ainsi soit-il....)


Mais je le trouvais plus sexy avant et j'avais envie de mettre aussi l'autre photo. Essaie donc un peu de m'en empêcher.


En français, John Oliver s'appelle Jean Olivier. Reconnais que c'est moins glamour. On a déjà un peu le cafard à cause de la coupe de cheveux alors restons-en là.


John Oliver est anglais.

(Je me rends compte que je pourrais presque m'arrêter là en fait...)

Pourtant c'est aux Etats-Unis qu'il a rencontré le succès, d'abord dans l'émission « The Daily Show with John Stewart » de 2006 à 2014, où il participe à l'écriture tout en interprétant un faux journaliste.

Depuis 2014 il a sa propre émission, « Last Week Tonight with John Oliver », diffusée chaque dimanche soir sur HBO. Le format hebdomadaire lui permet d'approfondir un thème principal, qui fait l'objet d'un edito d'environ 20 minutes, le reste de l'actualité étant traité de façon plus sommaire, de 2 à 5 minutes pour chaque sujet.


Des late shows, aux Stèyytss, y en a plein. Que tu cherches du divertissement pur, de l'interview, de la parodie, des prises de position un peu plus rentre-dedans, tu trouveras forcément ton bonheur. En vrac, Jimmy Fallon (encore appelé « Dieu »), James Corden, Stephen Colbert, Conan O'Brien, Jimmy Kimmel, Trevor Noah, tous ces petits gars méritent que tu y jettes un coup d'oeil.


Mais j'avais vraiment envie de parler de John Oliver. Parce que chaque lundi, après avoir regardé religieusement le replay en prenant mon petit dejeuner vers 14h du matin (hashtag #jaipasdeboulotmaisjaidesoeufsbrouillés) j'ai envie de l'épouser et ainsi de partager des brunchs avec lui dans notre loft new yorkais.

Et je suis pas du genre à bruncher avec n'importe qui, figure-toi.


Ce qui me plaît chez ce petit bonhomme, c'est qu'il a de très jolies idées sous sa vilaine coupe de cheveux.

Je dirais même plus : il a des valeurs.

Et il n'hésite pas à dire ce qu'il pense, à s'énerver, à s'émouvoir, à jurer (le stagiaire initialement chargé de biper tous les « fuck » de l'émission est à ce jour la 8e fortune mondiale), à invectiver, à argumenter, à démontrer.

Chaque semaine, il prend son sujet à bras le corps et il fonce droit devant.

Et tout y passe : des dysfonctionnements du service des urgences téléphoniques (le célèbre 911 qui, je le rappelle, ne fonctionne pas chez nous) aux escroqueries des télé-évangélistes, en passant par la peine de mort, l'arsenal nucléaire américain, l'éducation sexuelle, la torture ou le dopage.

Il ne prétend pas être un journaliste, il cite d'ailleurs toujours ses nombreuses sources parmi les médias américains et étrangers. Son approche consiste plutôt à utiliser les faits avérés (grâce au travail desdits médias et de ses propres équipes) et à extraire ce qui pique, ce qui scandalise, ce qui part en sucette. Par exemple, le fait que le personnel des urgences téléphoniques ne soit pas équipé du système de localisation d'appel qui leur permettrait de venir en aide plus rapidement aux victimes se trouvant dans des zones sans réseau et ayant des difficultés à s'exprimer parce qu'elles sont blessées, alors que les chauffeurs d'Uber ou les livreurs de pizza, eux, ont le matos dernier cri.

John Oliver n'a pas trop de filtre, quand un truc le chiffonne, il le dit. Mais bien souvent, il n'est pas juste chiffonné, il est carrément vénère. Et là, aux abris. S'il avait commencé à vanner Donald Trump à peu près gentiment (même si tu sentais déjà que c'était pas la grosse ambiance), il a durci le ton au fur et à mesure que ce tocard a gagné en popularité. Sans hésiter à vider son sac. Il a récemment couvert les conventions républicaine et démocrate, et même si les démocrates, jamais les derniers non plus pour dire des conneries, se sont pris quelques taquets, le candidat à la peau orange s'est vu traiter de « fucking asshole », que je traduirais par « putain de trou du cul » et de « damaged sociopathist narcissist » soit « sociopathe narcissiste irrécupérable ». John Oliver réagissait ici aux commentaires tout simplement dégueulasses de Trump suite à l'intervention à la tribune de la convention démocrate de Monsieur et Madame Khan, parents d'un soldat américain de confession musulmane décédé en Irak.


Tu imagines ça chez nous ?

Non parce que, parlons-en deux secondes.

On n'a pas ce format d'émission en France.

Certains s'y sont essayé, je pense notamment à Arthur, qui s'il avait bien réussi à recréer le décor de Dave Letterman n'en a hélas pas le talent ou, pour être moins biyatch, le savoir-faire.

Quand tu regardes les late shows, ça coule tout seul, tu sais que c'est très écrit, et qu'il n'y a quasiment aucune spontanéité mais tu marches quand même. C'est comme de l'impro scénarisée. Car ils ont compris que l'impro pure, sauf à inviter tous les jours Billy Crystal ou Louis CK, c'est très risqué. La plupart des invités, aussi talentueux soient-ils dans leur domaine, sont à l'aise dans la promo où ils récitent leur petit truc comme l'a dit l'attachée de presse, mais dès qu'il va falloir avoir un peu de répartie, alerte cata. Et l'animateur ne pourra jamais rattraper le coup, même s'il est très bon.

En France, on a de bons animateurs, évidemment. Mais pas pour ce genre de truc. Dès qu'on s'y risque, c'est la gênance.

Je ne suis pas certaine non plus que chez nous les invités (artistes, sportifs, politiques) accepteraient de jouer le jeu et de s'investir autant que le font les anglo-saxons.

Et pour en revenir à John Oliver et Donald Trump, dans ce monde-ci, et même après sa fin et dans le suivant quand on aura tout recommencé, je n'arrive pas à imaginer un animateur de ce style traitant Jean-Marie Le Pen, face caméra et le plus naturellement du monde, de vieux connard raciste. J'aimerais bien, je donnerais même mon mug Scooby Doo pour voir ça, mais j'y crois pas.

Ce qu'on a, enfin ce qu'on avait, de plus proche, c'était le Petit Journal. Personnellement je place beaucoup d'espoir dans la nouvelle émission de Yann Barthès (d'autant que je viens d'apprendre que Vincent Dedienne serait de la fête ce à quoi je réponds « youhou »).

Petite parenthèse : je parle juste ici du format late show, du style d'animation et d'écriture, tu ne me feras pas dire que la liberté d'expression est plus grande aux Etats-Unis qu'en France. Parenthèse fermée.


Et attends, je t'ai pas tout dit.

Il est super drôle John Oliver !!!!! Mais si !!!!!

Tiens, un exemple : juste avant le referendum en Grande Bretagne sur le maintien ou la sortie de l'Union Européenne, il a bien évidemment traité le sujet. Et l'émission s'est terminée par un petit sketch, comme il le fait parfois (mais assez rarement), ou plutôt une petite chanson, aux paroles printanières interprétées par un petit chanteur à la croix de bois local.



Comme tu peux le constater il y a les paroles en bas de l'écran, tu peux donc te faire ton petit karaoke si ça te fait plaisir.

Je t'ai traduit le texte, avec le talent qu'on me connaît :

On t'emmerde, Union Européenne

Taïaut ! Pauvres cons

Nous sommes le Royaume Uni

Vous pouvez manger nos puddings aux raisins (précision : « dick » voulant également dire "bite" (oui ben y a pas d'autre mot, je traduis, je traduis), je soupçonne que nous ne sommes pas ici simplement invités à manger ce gâteau typiquement britanique)

Ceci étant dit

Nous n'allons pas vous quitter

Il s'avère qu'on a besoin de vous

Néanmoins

On t'emmerde, Union Européenne

C'est bon de te le dire

La Pologne est déprimante

Et il y a des vampires en Roumanie

Il fait beaucoup trop chaud en Espagne

Et putain mais c'est où la Lituanie ?

Pour être honnête, la Slovénie, c'est chouette

(non c'est une blague, ça craint aussi)

Mais on doit bien reconnaître que sans ces pays

On serait bien dans la merde

On emmerde l'Union Européenne

Même si on doit admettre

Qu'on serait complètement cinglés

De voter pour la quitter


Alors attention, parce que maintenant je vais te parler de ce qui m'a fait vraiment tomber raide dingue de John Oliver.

Le mec est un féministe. Un vrai. Un convaincu. Un militant. Et il le fait savoir, genre tout le temps.


Ca me tient vraiment à cœur que tu voies ce qu'il a à dire sur le sujet, et la façon dont il le dit, alors je te mets directement les vidéos intégrales ici. J'ai choisi trois sujets où je l'ai trouvé particulièrement brillant, mais il y en a beaucoup d'autres.


Pour toutes les vidéos qui vont suivre, voilà ce que je te propose : pour ceux qui comprennent bien l'anglais, ça devrait aller, pour ceux qui parlent un peu moins bien ou pour qui ça va un peu vite, YT permet d'insérer les sous-titres en anglais.

Pour les autres, j'ai utilisé, avec leur autorisation, les traductions de certains passages qui figurent sur le site Madmoizelle, qui a consacré plusieurs papiers à John Oliver. Je te mets les liens vers leurs articles à la fin de celui-ci.

Comme les sujets me semblent, enfin non d'ailleurs, SONT très importants, et que les propos de John Oliver sont tellement remplis de bon sens et de tout ce que j'aime chez lui, je te préviens, ça va être assez long, même si je n'ai pas tout retranscrit. Mais à mon sens ça vaut la peine.


Tout d'abord celle sur l'avortement :


John Oliver y fait un état des lieux tant de la législation que de la situation actuelles, et c'est pas brillant.

Extraits :

"Depuis 2010, de nouvelles lois ont contribué à la fermeture de 70 cliniques d’avortements aux États-Unis. Les États du Mississippi, du Missouri, du Dakota du Nord et du Dakota du Sud n’ont qu’une seule clinique pratiquant l’IVG chacun… Eh oui : le Mississippi a maintenant exactement quatre fois plus de S dans son nom que de cliniques pratiquant l’IVG."

"C’est la loi de 1992, « Planning familial V. Casey » qui dit que les États peuvent créer des restrictions, c’est-à-dire fermer des cliniques qui pratiquent l’IVG, à condition qu’ils n’aillent pas à l’encontre de la loi et qu’ils ne posent pas un obstacle considérable sur le chemin des femmes qui se dirigent vers l’avortement."

Note de l'auteure : Gnééé ???

"Le fait est que dans une clinique chirurgicale, le couloir doit être suffisamment large pour laisser passer deux brancards côte à côte… Ce qui n’arrive pas dans une petite clinique où 90% des avortements ont lieu le premier trimestre et ne nécessitent donc pas d’opération."

"Quant au privilège d’admission… Ça peut faire fermer une clinique car de nombreux hôpitaux, pour des raisons politiques ou financières ne vont pas vouloir recruter un médecin qui pratique des avortements.

Et toujours, les défenseurs de ces lois vont dire qu’ils ont un seul but… »

Le but en question, perpétuellement mis en avant, étant la santé des patientes, ce à quoi John Oliver répond :

"Quand on est à ce point insistant en ce qui concerne la santé des femmes, ça commence à sembler louche. C’est un peu comme créer un dossier sur son ordinateur appelé « PAS DU TOUT DU PORNO »… Ça ne berne personne."

Le sujet précise également :

"Un avortement légal cause la mort de la patiente dans 0,00073% des cas, ce qui est dix fois moins que le risque de mourir d’une coloscopie — et on est bien d’accord, au passage, que la mort par coloscopie doit être l’une des pires manières de mourir (…)

Si devoir mettre en place ce principe de privilège d’admission est si important pour la continuité des soins, c’est vraiment anormal que tu n’en n’aies pas besoin dans le cas de l’ouverture d’une maternité."

On apprend également que certaines lois obligent les médecins à tenir un certain discours aux patientes, et un médecin témoigne, en toute franchise :

"Si vous subissez un avortement, vous risquez d’avoir des complications. Vous risquez d’avoir des saignements, vous risquez des infections, il y a des risques d’endommager vos organes… Mais devinez quoi, c’est exactement les mêmes risques que si vous continuez votre grossesse.

La dernière chose que je dois vous dire — mais je ne suis pas d’accord avec ça — c’est que l’avortement augmente vos risques de cancer du sein… Il n’y a aucune trace de preuve scientifique de ce que je viens de dire."

John Oliver conclut de façon TRES claire :

"L’avortement n’a pas à être théoriquement légal. Il se doit d’être accessible."



Celle sur le harcèlement en ligne :


Au moment d'aborder le sujet des femmes menacées sur internet, John Oliver commence par un petit rappel : "si vous vous dites « Oh, dites, ça ne doit pas être un problème si répandu »… bravo pour votre pénis blanc. Parce que si vous remplissez un de ces deux critères, votre expérience d’Internet est vraiment spéciale."


Cette vidéo contient de nombreux témoignages de femmes victimes de harcèlement, comme cette créatrice de jeux vidéos à qui on a promis « je vais foutre un œuf dans ton vagin et lui mettre un coup de poing », cette autre qui a vu son adresse divulguée en ligne et toute sa famille menacée d'assassinat, cette journaliste ayant reçu sur Twitter des menaces de viol et de mort (la police à qui elle s'est adressée ne sachant même pas ce qu'était Twitter), ou encore cette prof victime de « revenge porn », dont l'ex petit ami a créé un profil sur un site pornographique indiquant son nom et l'endroit où elle travaille, le tout envoyé à son patron et à l'instituteur de son fils. Cette dernière explique qu'elle a par la suite fait une tentative de suicide.

L'état de la legislation fait froid dans le dos : aucune loi fédérale ne vise explicitement le « revenge porn », et au niveau local seuls 23 états ont légiféré en la matière.

Quant à attaquer au civil, le reportage explique que dans le meilleur des cas l'avocat demandera entre 5.000 et 15.000 dollars, et dans le pire refusera de prendre l'affaire et conseillera simplement de mieux choisir ses petits amis.

On nous explique ensuite que pour obtenir le retrait des photos, 2 solutions : la première, avoir l'accord du site, la seconde, faire enregistrer les droits, c'est-à-dire très concrètement envoyer ces photos à Washington, aux services gérant les droits à l'image. Comme si ce n'était pas déjà suffisamment humiliant, les victimes se voient répondre dans ce cas soit qu'à partir du moment où elles ont envoyé les photos, leur ex en a acquis les droits et qu'elles n'avaient qu'à ne pas lui faire confiance, soit qu'elles n'ont qu'à éteindre leur ordinateur et que ça finira par passer.

John Oliver fait remarquer qu'il est quasiment impossible de nos jours d'éteindre purement et simplement son ordinateur, et pointe ensuite du doigt l'attitude des médias conseillant aux femmes de ne pas prendre de photos d'elles, tout simplement... Il y voit, à juste titre, un rejet de la faute sur la victime, et ne mâche pas ses mots, ça donne ça :


"MAIS DE QUOI VOUS PARLEZ, PUTAIN ? Petit un : ne pas prendre de photos ne marche pas toujours — parfois ces clichés proviennent de webcams piratées. Mais on s’en fout de comment c’est arrivé ! Voici un petit jeu : choisissez n’importe quel crime et insérez-le dans ces phrases. « Écoutez, si vous ne voulez pas être cambriolé•e, ne vivez pas dans une maison ! Et si vous êtes parent, comment allez-vous expliquer cette effraction à vos enfants ? »

J’ai bien conscience que de demander aux législateurs de réguler la liberté d’expression, c’est s’engager sur une pente glissante. Personne ne veut voir la police sur des forums à la recherche de violence écrite. Mais si une femme se pointe au commissariat, et dit que quelqu’un l’a menacée de mort sur Twitter, la réponse « C’est quoi ça Twitter ? » est INCROYABLEMENT inadaptée. Et pour le « revenge porn »… Il va nous falloir de nouvelles lois.

Heureusement, on prévoit de proposer une loi intitulée Acte de Protection de la Vie Privée de 2015, qui s’appliquera à la pornographie non-consensuelle.

Si elle passe, cette loi, dans son état actuel, rendrait criminel le fait de mettre en ligne du « revenge porn » — mais ne vous inquiétez pas, on aura encore plein de porno sur Internet !

Mais la vérité, c’est que la loi ne peut pas tout faire. Les entreprises doivent être bien plus vigilantes à ce sujet, et elles y viennent, lentement. Ces derniers mois, Twitter et Reddit ont banni le « revenge porn », et ce vendredi, Google a annoncé, après de longues sollicitations, qu’il serait possible de dé-référencer le « revenge porn ». Que Google fasse ça, ce n’est pas rien ! Parce qu’on sait bien que même les pervers enragés ne s’infligeront pas l’utilisation de Bing. Ce ne sont pas des monstres.

Et pour le reste d’entre nous… eh bien, il nous reste nous. Il nous faut changer, fondamentalement, la façon dont nous considérons Internet. On entend trop souvent des gens minimiser les dangers d’Internet, dire « Ça va, c’est pas la vraie vie ». Ça l’est ! Ça l’a toujours été ! Tout ce que disait cette pub AOL, il y a 20 ans, c’est que ce qu’on fait en ligne se répercute immédiatement sur la vie réelle. De nos jours, il est possible, en cliquant sur un bouton, d’acheter un livre, de rencontrer son âme soeur, de gâcher la vie de quelqu’un — parfois ces deux derniers points se conjuguent sur le même clic.

Nous savons qu’Internet est un outil merveilleux, mais comme bien des outils, il peut servir d’arme. Nous avons laissé les choses se dégrader au point que des femmes peuvent craindre pour leur vie à cause d’un truc qu’elles ont dit en ligne, ou se retrouver à envoyer des photos de leurs parties génitales à Washington afin de protéger leur vie privée."


Et enfin celle sur les écarts salariaux :


John Oliver commence par rappeler la déclaration de Barack Obama : "Les femmes méritent un travail égal pour un salaire égal. Aujourd’hui, en moyenne, pour le même travail, une femme gagne 77 centimes pour chaque dollar gagné par un homme. À travail égal, salaire égal ! Ce n’est pas si compliqué."

Mais pas de bol il nous apprend qu'à la Maison Blanche les femmes touchent 88 cents pour chaque dollar gagné par un homme...

Il explique ensuite comment les informations sont balancées un peu n'importe comment, les diverses sources (Ministère du Travail, sondages, études) annonçant des chiffres allant de 81 à 96 centimes pour un euro, ce à quoi John Oliver rétorque que ce n'est pas le problème.

Ensuite, on nous explique que bien évidemment, le problème est reporté sur les femmes, qui choisissent de faire des enfants ou encore d'exercer des métiers moins bien payés, ce serait donc leur faute.

Ce dernier argument est démoli par une étude menée par l'Université de Yale : "Des professeurs recevaient deux C.V. identiques, l’un au nom de John, l’autre au nom de Jennifer. Le candidat masculin a eu plus de succès et on lui proposait, en moyenne, 4000$ de plus à l’année qu’à la candidate féminine."

C'est le moment de la réponse de John Oliver :

"Soit on s’attaque au noeud du problème pour lutter contre les courants sexistes de notre société, soit… les femmes changent tout bêtement leur prénom en "John" ! Bien sûr, ce sera un peu perturbant au début, mais vous aurez 4000$ de plus par an ! Et ne désespérez pas tout de suite : apparemment, si les femmes tiennent bon, il y a de l’espoir.

(extrait de JT) "Si vous n’êtes pas mariée, sans enfants, et que vous avez entre 35 et 43 ans, les statistiques montrent que vous gagnez en moyenne 1,08$ pour chaque dollar gagné par un homme."

Et voilà, mesdames ! Il vous suffit de rester célibataire, de ne pas tomber enceinte par accident, et ne jamais avoir 44 ans, et vous serez blindées de thunes !

Payer des gens moins bien pour un travail égal, c’est mal, clairement. Même les singes savent ça. Des scientifiques ont organisé un test : deux singes réalisaient exactement la même tâche. L’un était payé avec un raisin, l’autre avec un morceau de concombre. Regardez donc la réaction de celui qui a le concombre quand il se rend compte qu’il est sous-payé !

(la vidéo montre le singe jeter violemment le morceau de concombre et tenter d'ouvrir sa cage)

Hey ! Hey ! Calme-toi, le singe ! Tu ne connais pas le parcours et l’expérience de l’autre singe ! Vous avez simplement fait des choix de vie différents ! En plus, un bout de concombre, c’est « virtuellement la même chose » qu’un raisin.

Il y aura toujours des gens prêts à payer les femmes moins bien, même si on parle de, je sais pas, 83 centimes pour chaque dollar. Mais si on ne légifère pas, il faut au moins pointer du doigt ceux qui choisissent d’agir ainsi. Voici ce qu’on propose.

Une fausse pub a été tournée par les équipes de John Oliver, voici ce qu'elle dit :

"Êtes-vous un homme d’âge mûr dirigeant une firme financière ou un conglomérat multinational ? Êtes-vous agacé par les demandes absurdes de vos employéEs qui ne cessent de vous embêter avec leur « égalité des salaires » ?

Et si je vous parlais d’un nouveau produit révolutionnaire, qui vous permet de payer les femmes autant que les hommes, sans sacrifier le fait bien pratique que vous les payez moins ?

Découvrez les LadyThunes ! Des dollars pour vos employéEs, qui valent seulement 83 centimes pour chaque dollar ! Les LadyThunes sont la nouvelle monnaie pour les femmes, créée par la réserve fédérale et les créateurs de la serviette hygiénique Playtex Gentle Glide 360.

Disponibles dans des couleurs et des parfums variés, les LadyThunes sont à l’effigie des plus célèbres présidentes américaines, comme Geena Davis, Julia Louis-Dreyfus et Laura Roslin de Battlestar Galactica, qui n’est devenue présidente qu’après l’extinction de la quasi-totalité de l’humanité. C’est une somme qui peut être décrite comme « virtuellement la même », et qui ne fait que refléter les choix différents faits par les femmes… ainsi que des conneries tordues sorties tout droit de Mad Men.

Alors pourquoi ne pas essayer les LadyThunes, et montrer aux femmes de votre entreprise qu’elles sont vraiment à 83% uniques ?

(Les LadyThunes ne conviennent pas à tout le monde. Consultez votre avocat avant d’utiliser les LadyThunes. L’utilisation des LadyThunes peut donner lieu à des procès à grande échelle, à de la mauvaise publicité, à des difficultés pour garder votre personnel, ou à un coup de pied dans votre bite.)"


On est d'accord, il est fabuleux cet homme non ?


Pour finir, et même si je suis consciente de la résonnance internationale de ce blog, à toi français je dédie ces deux petites interventions de John Oliver après les attentats de novembre dernier.

Et là mon ptit pote, les traductions sont de bibi.


La première, qui date du dimanche suivant immédiatement les attaques :


Hélas nous commençons avec quelques mots sur la France, qui a subi vendredi l'attaque la plus meurtrière sur son territoire depuis la seconde guerre mondiale.

Ca fait à peine 48h, et il y a encore beaucoup de choses que nous ne savons pas. Mais il y a certaines choses que nous pouvons affirmer, et c'est dans ces moments que c'est bien utile d'être sur HBO, où l'on peut dire ces choses sans retenue, parce qu'après les nombreuses minutes de silence de rigueur, j'aimerais vous offrir un moment de jurons comme on en dit sur le câble.

Donc voilà où en sont les choses : premièrement, dès à présent, on sait que ces attaques ont été perpetrées par des putain d'énormes trous du cul, des satanés trous du cul, travaillant peut-être... peut-être... avec d'autres putain de trous du culs, au service c'est évident d'une idéologie de pure « trouducuterie ».

Deuxièmement, et ça va sans dire, on emmerde ces trous du cul, si vous me permettez, qu'ils aillent se faire mettre.

Et troisièmement, il faut bien se rappeler que rien de ce que ces trous du cul essaient de faire ne marchera.

La France va résister.

Et je vais vous dire pourquoi : si vous vous lancez dans une guerre de culture et d'art de vivre avec la France, et bien putain bonne chance, parce que, ok, allez-y, balancez votre idéologie moisie, ils répondront avec Jean-Paul Sartre, Edith Piaf, le bon vin, les Gauloises, Camus, le camembert, les madeleines, les macarons, Marcel Proust, et leur putain de pièce montée !!! La pièce montée !!! Vous venez avec votre idéologie faite de rigueur et d'abnégation dans un combat de pâtisserie les amis, vous êtes foutus, c'est une tour de la liberté française ce truc là !

Donc, français, nous pensons sincèrement à vous et nous aurons certainement plus d'informations dans les jours à venir.


Et la seconde, la semaine suivante :


L'une des plus importantes avancées cette semaine est le fait que le chef du réseau Abdul Hamid Abboud a été tué mercredi, et sa mort s'est avérée une bonne nouvelle pour quasiment tout le monde.

(Extrait JT) Selon le NY Times, lorsque sa famille a appris qu'il avait peut-être été tué la nuit dernière, sa sœur a déclaré qu'ils priaient pour qu'il soit mort.

(Retour plateau) Nom de Dieu !!! Même sa propre famille avait prié pour qu'il soit mort !! Ce qui est tout à fait compréhensible, mais c'est aussi le plus triste exemple de tendance meurtrière au sein d'une même famille depuis « Maman j'ai raté l'avion ». Comment, vous pensiez vraiment que les Mc Allister avaient oublié Kevin par accident 2 fois ??? Non, ils voulaient se débarasser de ce petit merdeux !! Ouvrez les yeux, les Mc Allister étaient des meurtriers !! Hashtag #McAllistersMcMeurtriers

En ce qui concerne les français eux-mêmes, ils ont passé toute cette semaine à tenter de reprendre un semblant de vie normale, encouragés par leur Président, François Hollande.

(Passage discours Hollande)

(Retour plateau) Je peux vous dire moi ce que serait la France sans toutes ces institutions culturelles, ce serait le Luxembourg, et personne n'a envie de ça.

Saviez-vous que si vous tapez dans Google « choses intéressantes à propos du Luxembourg », le résultat est juste « NON ».

Beaucoup de français ont adopté cette idée d'un retour à la vie normale, et je crois que l'un des signes les plus rassurants démontrant qu'ils redeviennent eux-mêmes a été leur comportement lors d'un concert, quelques jours seulement après les attaques, quand quelqu'un a tenté de sauter dans la foule.

(Extrait Petit Journal)

(Retour plateau) Ca, c'est le Paris qu'on connaît et qu'on aime.

Une ville où les gens sont tellement distants qu'ils ne lèveraient pas le petit doigt pour rattraper en vol l'une de leurs propres pop stars.

(Imitant l'accent français) Je m'en fous moi de ceux qui sautent dans la foule, une pratique tellement vulgaire reflète seulement une vie intime bien pauvre, non ? Bof...

Une émission de télé française a montré cet extrait à des gens dans la rue et leur réaction est fantastique.

(Extrait Petit Journal)

(Retour plateau) Pour moi c'est la meilleure preuve que la France ira bien, un peu comme quand les new yorkais ont su que leur ville allait rebondir après le 11 septembre, la première fois qu'un mec baraqué avec une casquette leur a piqué leur taxi en leur disant d'aller se faire foutre.

C'est ça, la guérison.


Je pourrais te parler de John Oliver pendant des heures.

Je pourrais écouter parler John Oliver pendant des heures.

Je pourrais manger des omelettes à la ciboulette et des muffins et boire du thé à la bergamotte avec John Oliver pendant des heures.


Au lieu de ça, je vais te laisser là, petit internaute qui au lieu de lire des poèmes de Baudelaire a préféré le blog de Cecilou, pour cette audace je t'envoie un fat big up ouais gros.


Je t'invite du fond de mon petit cœur à aller picorer sur la chaîne You Tube de l'émission, ici :

Ainsi que sur le site de l'émission : http://www.hbo.com/last-week-tonight-with-john-oliver


Tout plein de mercis et de bisous à Fab et à la rédac de Madmoizelle pour m'avoir gentiment autorisée à utiliser leurs traductions, voici les trois articles en question (les vidéos sur le harcèlement en ligne et les écarts salariaux y sont traduites intégralement) :


Pendant que tu y seras, traîne un peu ton boule sur le reste du site tout le monde y est très chou : http://www.madmoizelle.com/


Voilà, c'est fini, trouve un autre rocher petite huître perlée, ne laisse pas trop couler de temps sous ton ptit nez.


bottom of page