Pourquoi le retour des Last Shadow Puppets est LA bonne nouvelle de cette fin 2015.
Tout le monde sera d'accord j'imagine, on a besoin de bonnes nouvelles en ce moment. Même des petites. Un rayon de soleil, l'arrivée prochaine des câlins et cadeaux de Noël, un joli étalage de fruits d'hiver chez le primeur d'à côté, la première bande-annonce de la nouvelle saison de Game of Thrones. Des petits bonheurs qui mettent un peu de crème Nivéa sur nos cœurs au bout du rouleau.
Et là, alors que la rumeur enflait depuis quelques semaines telle un œil de pigeon sur ton front après être rentré comme une andouille dans un poteau, ça y est, c'est officiel. Ils reviennent. Miles Kane et Alex Turner alias les Last Shadow Puppets, l'un des side projects les plus cools de l'univers.
Le 3 décembre, on a eu droit à cette petite vidéo :
Et là vous me dites : (il reste un cratère) on n'entend quand même pas grand-chose.
Bon, on peut se tutoyer ? C'est plus sympa. T'es lourd.
Ce teaser c'est une minute de plaisir, oui parfaitement de plaisir. Parce que simplement savoir que quelque part au milieu du printemps 2016, qu'on espère sympa mais qui sera sûrement tout pourri, on pourra écouter ce nouvel album, yeux fermés et mains jointes en une joyeuse extase auditive (le célèbre eargasm), et bien c'est du plaisir et pis c'est tout.
Si le fait que je le dise ne te suffit pas, alors déjà je ne te comprends pas car ça sous-entend que je ne suis pas une référence alors que hellooooooo......
Mais bon.
Ca signifie aussi que tu as perdu tes repères et que tu as besoin d'aide. Et moi quand je peux donner un coup de main.
Les arguments qui suivent ne sont pas classés par ordre d'importance. C'est pas le genre de la maison. Ici on est tous égaux, même les arguments.
Raison numéro 1 : le side project, c'est bath.
Un side project c'est quoi ? En gros, c'est quand tu as déjà ta petite carrière « officielle », que tu fais ton bizness pépouze et que (Dieu te bénisse) ça marche bien pour toi, mais que parce que tu es une personne curieuse, ouverte, enthousiaste, intelligente et mimi tout plein, tu prends le risque de faire des choses différentes, avec des gens extérieurs à ta petite zone de confort, tu vas là où on ne t'attend pas forcément, tu t'en fous tu kiffes la vibe.
L'association de pointures ne donne pas forcément quelque chose de génial, on le sait.
C'est le syndrôme dit du pétard mouillé ou, pour faire genre j'ai (vu le film avec Keanu Reeves) lu Shakespeare « beaucoup de bruit pour rien ». Pas si simple de faire se rencontrer harmonieusement deux univers déjà bien définis, or en général la star a son petit monde à elle, son staïle, ses codes.
Le featuring (méthode consistant à faire venir quelqu'un de super connu pour slamer 3 phrases/jouer un solo de guitare/montrer son cul histoire de vendre des singles), ça passe en général.
La vraie collaboration, qui nécessite de mettre un peu son ego de côté, de créer quelque chose de neuf et de risquer de perdre un peu de sa fan base au passage, c'est une autre limonade.
Certains l'ont fait avec une aisance limite dégueulasse.
Damon Albarn, il est dans Blur mais il est aussi dans Gorillaz, dans The Good The Bad and The Queen, il écrit des opéras, il a créé le projet Africa Express. Bon là je t'ai balancé l'exemple ultime du gars parfait de bout en bout, pour que tu comprennes bien.
Mais tu connais peut-être aussi Atoms for Peace, groupe composé de Thom Yorke, chanteur de Radiohead, et Flea, bassiste des Red Hot Chili Peppers, les Dead Weathers, formés par Jack White des White Stripes et Alisson Mosshart des Kills, ou encore (et là hélas je suis sûre que tu en as entendu parler) les Eagles of Death Metal, groupe fondé par Josh Homme, leader des Queens of the Stone Age.
Enfin voilà, tous ces gens, un jour, voire tous les jours de leur vie, se sont dit ok je fais ce truc qui me plaît et qui marche bien, mais qu'est-ce qui m'empêche d'aller voir ailleurs, si ça se trouve en bossant avec d'autres gens j'apprendrai un tas de choses et je passerai des moments inoubliables, et toutes ces expériences m'inspireront à leur tour, bref je vais me faire une vie de foufou.
Ce qui nous ramène logiquement à Alex Turner et Miles Kane, les deux meilleurs potes de la création, partageant une même passion pour la musique, les fringues, les mannequins et la bière. Quoi de plus naturel quand on y pense que de se monter leur petit groupe à eux sans personne pour les faire chier ?
Raison numéro 2 : Alex Turner.
A ma grande surprise, plein de gens ne connaissent pas Alex Turner.
Certains le connaissent sans le savoir, ils connaissent son groupe, les Arctic Monkeys, mais pas le nom de leur chanteur.
Mais d'autres ne connaissent même pas les Arctic Monkeys. Mon premier réflexe en apprenant un truc aussi dingue est toujours de lever les yeux au ciel, et le second est de me dire ne sois pas si snob, et au lieu de regarder de haut ceux qui connaissent que les trucs qui passent sur TF1 le samedi soir fais leur donc découvrir la beauté.
Et me voilà donc, dans ma grande bonté, te présentant fièrement Alex Turner.
Alex est le chanteur des Arctic Monkeys.
Ce groupe anglais originaire de Sheffield a explosé dès ses débuts, alors qu'ils n'étaient qu'une bande de gamins de 18 ans, arborant fièrement leurs boutons d'acné et leur irrésistible arrogance british.
C'était il y a une petite dizaine d'années. Ils ont depuis sorti 5 albums et remplissent aujourd'hui les plus grandes salles, suivis de près comme il se doit par des fans fidèles et des groupies amoureuses (ce sont d'ailleurs parfois les mêmes. Coucou.).
Tous les membres du groupe y sont très actifs, écriture, composition, tout le monde apporte son petit caillou, mais il faut bien reconnaître, et même Matt Helders, batteur génial et clown de la bande, ne m'en voudra pas de le dire, que la plus grosse partie de leur succès repose sur la personnalité et le charisme dingue d'Alex Turner.
J'ai choisi cette vidéo, qui montre bien que le mec est hyper beau gosse (il est avéré que c'est en son honneur qu'a été créée l'expression « ptite gueule »), qu'il chante un peu extrêmement bien, et que côté mélodie qui accroche ben c'est pas mal non plus.
On appréciera au passage le titre de ce morceau, « Suck it and see », que je traduis faute de mieux par « suce et tu verras ». Je peux sans aucun doute trouver mieux.
Raison numéro 3 : Miles Kane.
Miles est bien moins connu qu'Alex Turner, je reprends donc ici mon bâton de pèlerin et c'est parti pour les présentations.
Du même âge que les Arctic Monkeys et originaire pour sa part de Liverpool, Miles Kane a débuté dans des groupes au succès assez limité, et s'est fait réellement connaître lorsqu'il s'est lancé en solo. Il a sorti 2 albums qui à mon sens n'ont pas eu le succès qu'ils méritaient. Certes ils se sont pas mal vendus et ses tournées marchent très bien (on notera un Olympia hyper réussi il y a 2 ans), mais le grand public le connaît encore trop peu.
Je te propose "Don't forget who you are", extrait de son 2ème album, et son clip en forme d'hommage aux habitants de sa ville et de rappel aux racines, qui illustre bien les qualités de Miles Kane : auteur compositeur doué (si tu ne tapes pas du pied en chantant lalala lalala lalala, au minimum t'es bizarre), chanteur génial (on se rend mieux compte en concert mais le niveau d'un Liam Gallagher, d'un Richard Ashcroft ou d'un Paul McCartney n'est vraiment pas loin), homme élégant.
T'es d'accord : what else.
Raison numéro 4 : The Age of the Understatement, l'énorme premier album des Last Shadow Puppets.
Si on remonte au moment de la sortie de ce disque, Miles Kane est très peu connu et Alex Turner, s'il est déjà le leader d'un groupe à gros succès, n'est pas tout à fait au niveau du songwriter ultra respecté qu'il a atteint aujourd'hui. Mais tout de même, il y avait un risque pour ces deux jeunes artistes de perdre en crédibilité voire de ne jamais vraiment décoller en ce qui concerne Miles Kane, condamné aux projets « bien mais pas top ».
Et les mecs ont tout déchiré. Non seulement « The Age of the Understatement » est une bonne grosse merveille mélodique, mais les arrangements, tout en déchaînements de cordes, sont d'une rare beauté. Quant au mariage des voix de Miles et Alex, comment te dire... C'est beau.
Je te fais une petite sélection, tout est extrait d'un concert donné pour la BBC en 2008 qui s'appelle « ElectricProms » que tu trouveras facilement en intégralité sur le net avec tes petits doigts.
Deux vrais duos, tirés de l'album :
Et Miles en lead vocal sur une reprise de Leonard Cohen (si ça c'est pas de la belle voix grave alors merde quoi) :
Petite parenthèse : je te vois, toi qui baragouines 3 mots d'anglais, tu es content car tu as traduit tout seul comme un grand que dans cette chanson Miles chante joyeusement « je veux voir ton corps tout nu ».
C'est une chanson. Garde tes vêtements. Ou alors, désape-toi à la maison, sans brancher la web cam, sans prendre de selfie. Mais vraiment. Je compte sur toi.
Fin de la parenthèse.
Après tout ça, vous me direz, on a toutes les chances d'être hyper déçus par le 2e album, vu que le 1er était un petit miracle et qu'entre-temps Miles Kane et Alex Turner ont écrit des trucs déments, ça va forcément être moins bien.
Et là j'ai envie de vous répondre : ô gens de peu de foi.
Moi je choisis de croire que je vais en prendre plein mes petits choux-fleurs, que je vais pleurer de bonheur parce que ce sera beau, intelligent, inspiré et inspirant, que je vais rester 45 mn dans la file d'attente de la Fnac pour avoir une place à leur concert, que je vais saouler tout le monde avec ça et les aimer encore plus qu'avant.
On en reparle au printemps !!!!