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Mon dernier coup de coeur : Baptiste Lecaplain au Petit Montparnasse



Autant être honnête, je ne suis pas arrivée surexcitée au spectacle de Baptiste Lecaplain. J’avais vu le précédent, son premier, en DVD, et j’avais bien aimé mais sans plus. Je l’avais trouvé un peu agité, parlant un peu fort.

J’avais aussi vu Baptiste dans « Bref ». En caleçon la plupart du temps si mes souvenirs sont bons (et ils le sont, quand y a des mecs en caleçon, t’inquiète, j’oublie pas). Si j’avais apprécié l’effort vestimentaire à sa juste valeur, j’en avais pas rêvé la nuit pour autant.


« Ben alors pourquoi t’es allée le voir, connasse ? » (voix des lecteurs troublés par tant de complexité et de contradictions chez une seule et même personne, mais quelle richesse, quelle personnalité fascinante)


Pour commencer, j’utiliserai l’une de mes phrases préférées, qui marche dans tant de situations et surtout n’appelle AUCUNE réponse : Maiheu, laissez-moi tranquille.


Au-delà de ça, je lisais depuis qu’il avait commencé à jouer le plus grand bien de son nouveau spectacle, ce qui me donnait envie de me faire une vraie opinion. Car je reconnais que regarder un DVD affalé sur son lit en mettant sur pause 3 fois pour aller chercher des tartines de Nut’, c’est pas comme être dans la salle, au milieu de vraies personnes qui rient de bon cœur à côté de toi, avec sur scène un petit gars qui donne tout.


Avant toute chose, je promets solennellement de ne pas écrire que puisque c’est son deuxième spectacle et qu’entre-temps Baptiste est devenu papa c’est le spectacle de la maturité.

Pfout. (j’ai craché)


Il n’y a pas vraiment d’intérêt, à mon sens, à raconter un one man show. Qu’il s’agisse de stand up ou de sketches, le vrai intérêt (ou non) réside dans l’écriture, le style de jeu, la personnalité et n’ayons pas peur des mots le charisme de la bête. Mais sinon, globalement, ça parle toujours un peu des mêmes choses.

Et ce one man show là ne fait pas exception à la règle. Il s’intitule « Origines » donc on se doute que soit ça parle de l’enfance et l’adolescence de l’acteur, soit du big bang. Je mets tout de suite fin au suspense : c’est la première solution (même si le big bang est rapidement évoqué, mais à l'échelle de la famille Lecaplain uniquement, totalement Hubert Reeves free).


Alors ce fameux sujet (moi, acteur, d’où je viens, où je vais, qui m’appelle, vais-je avoir un Molière ou mieux, emballer un mannequin), il donne quoi vu par Baptiste Lecaplain ?

La version jeune : il donne SA RACE TAVU. (je suis même pas sûre que ça veuille dire quelque chose)

La version de mon âge : il donne un spectacle drôle, original (origines, original, jonglage avec les mots), touchant, rythmé et surtout différent.


Evidemment, tu vas retrouver des thèmes communs à tous les humoristes tentés un jour de raconter leur vie (donc à tous les humoristes) et des traitements plus ou moins proches : le beau gosse d’aujourd’hui aura forcément été un vilain petit canard à l’adolescence, d’où moultes anecdotes à base de galère avec les filles, d’absence d’ami ou du moins d'ami à peu près normal, de scolarité pathétique. De la même façon, les parents auront sorti leur lot de phrases cultes qui marquent à jamais, et que mince alors l’auteur se retrouve à dire à son tour à ses enfants (origines de l’un, origines de l’autre, bim bouclage de boucle comment je t’ai démonté toute la mécanique).


Mais personnellement, ça, je ne le reproche à personne. Déjà, parce que c’est la vérité au fond, la plupart d'entre nous, quelles que soient notre milieu social, notre nationalité, notre sexe, notre caractère, notre parcours, avons eu des parents qui ne nous ont pas toujours compris mais nous ont souvent foutu la honte, traversé l’adolescence comme des miséreux aux physiques improbables pleins d’hormones et de boutons (ça fait plaisir), et tout fait pour en rire une fois adultes histoire d’oublier qu’en fait c’est grave et que ça nous a peut-être transformés en psychopathes en puissance.

Partant de là, quand tu es Gad Elmaleh, Jamel Debbouze, Dany Boon ou, donc, Baptiste Lecaplain, et que tu as le talent d’écriture et de jeu pour nous distraire avec ça, vas-y, envoie, je suis pour à 1000 %.

J’ai bien dit « si tu as le talent ». Parce que si c’est pour enfiler les anecdotes comme dans une soirée entre potes, on peut le faire tout seuls, il suffit d’avoir des soirées et des potes. C’est souvent le danger du stand up, tu sais ce moment où tu te demandes la différence entre le mec sur scène et ton pote Bébert qui raconte sa journée au bureau et où tout ce que tu trouves à répondre c’est que Bébert est plus marrant.

Baptiste, le talent, il l’a. Il a même de la folie. Dans ses disgressions, ses apartés, ses impros, plus ou moins longues, plus ou moins réussies mais toujours tellement tarées…. Il imite des animaux, aussi, c'est gratuit mais tu te bidonnes.


Je préfère ne rien dévoiler réellement, mais j’aimerais quand même te donner envie d’y aller, parce que ça vaut la peine de prendre la ruelle bien flippante qui mène au Petit Montparnasse, de te faire engueuler par les placeuses si tu ne t’assieds pas assez vite et de te ruiner le fessier sur des banquettes en béton.

Qu’est-ce que je dirais bien…


Que Baptiste Lecaplain est attachant. J’imagine bien que ce qu’il raconte n’est pas exact à 100 %, que pour les besoins de la vanne, certaines situations, bien réelles, ont été amplifiées, détournées, twistées, mais je sais aussi qu’il y a forcément un fond de vrai. En tout cas, à la fois dans le propos et dans son jeu d’acteur, j’ai senti de la sincérité. On n'a pas à proprement parler droit au « moment d'émotion » règlementaire, mais la tendresse n'est jamais loin, Dans l'évocation des parents bien sûr, pudiques et essentiels au-delà de la caricature. Egalement parce que Baptiste fait partie de ces artistes qui étaient sur scène ce fameux 13 novembre 2015. Là encore, on ne s'étend pas mais c'est présent.


Que Baptiste Lecaplain est généreux. Physiquement, il donne de sa personne, il court, il saute, il danse, il fait aussi certaines choses pour lesquelles je ne connais pas de mot. Et dans le fond, il se livre plutôt beaucoup je crois. A certains moments, et toutes proportions gardées car son spectacle tourne beaucoup moins autour d'elle, j'ai pensé à Guillaume Gallienne et sa relation si forte avec sa mère. Pour ceux qui me connaissent ils savent à quel point c'est un compliment, peu de gens me touchant comme Guillaume Gallienne.


Que Baptiste Lecaplain est drôle. Evidemment et avant tout. Le texte est drôle, il ne s’interdit ni le n’importe quoi ni le potentiellement choquant (amateur de blagues sur les pédophiles, tu vas te régaler). Et l’acteur est drôle, il a évidemment ce sens de la vanne qu’on voudrait tous avoir alors qu’on reste bloqués au stade « alors, en forme ? », « en forme de quoi ? ». Mais pas seulement. Je n’y connais pas grand-chose en acting (dédicace Jean Claude Van Damme), mais ça demande forcément du talent sinon personne ne bosserait à la Poste ou chez Midas (les pots d’échappement pas le roi) et on monterait tous sur scène pour divertir les foules. Au lieu de ça on massacre « j’aurais voulu être un artiste » dans la douche. C’est chouette quand même remarque. Baptiste Lecaplain, lui, me fait l'effet du jeune acteur à qui il faudrait vraiment donner des rôles de pas trop jeune acteur justement, pas trop branleur, un peu épais, je suis sûre qu'il peut étonner.


Mais bon.


Tout ça, c’est ce que j’aurais aimé lui dire. Mais en fait je lui ai tweeté « super spectacle, merci Baptiste, demande à ton père de mettre un slip ».

(Là, deux solutions :

1. tu as vu le spectacle de Baptiste Lecaplain et toi et moi on est trop connectés, mais de ouf comme dirait Enora Malagré

2. tu n’as pas vu le spectacle de Baptiste Lecaplain, tu trouves que je tweete comme un bulot et tu ne veux même pas savoir ce que c’est que cette histoire de slop)


Allez, peu importe.

Tous aux spectacles.

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