top of page

Ode à Selim

J’ai découvert Joseph Chedid, comme quelques dizaines de milliers d’autres personnes, sur la tournée 2009-2010 de son grand frère, Matthieu. Tournée pendant laquelle il officiait en tant que batteur, guitariste, choriste et pianiste. Il faisait aussi Superman. En slip. Que des bons souvenirs.

J’ai tout de suite eu envie de m’intéresser à son parcours personnel sous le nom de Selim (son second prénom, il aurait pu faire comme son frère mais -J- on sait pas pourquoi ça passe moins).

Les quelques chansons que j’ai pu entendre ont attiré mon oreille, « le parfum » notamment mais aussi « les cochons » et son refrain « où sont les coquines, qui sont les cochons ». Tout un programme.

Mon plus grand souvenir de cette période, un concert au Ciné 13 entièrement dans le noir. On avait ri et chanté, on avait aussi bu du vin rouge et mangé des Tucs, la vie quoi.

Déjà, de tout cela se détachait l’image d’un jeune homme bourré de charme et d’inventivité.

A suivre me suis-je dit, et j’ai suivi.


2015 fut une grosse année pour Selim.

Sur scène, un énorme coup de projecteur s’est braqué sur Joseph et sa sœur Anna (alias Nach, dont je te reparlerai la semaine prochaine puisqu’elle est en concert au Café de la Danse) avec la tournée de la famille Chedid. Pour beaucoup, probablement, l’occasion de découvrir ces deux jeunes artistes. Les fulgurances de Joseph, sa joie évidente et communicative d’être sur scène et son interprétation inspirée de « Danseur mondain » de Louis Chedid ont fait des ravages et piqué la curiosité de beaucoup de gens, j’en suis sûre.

Parenthèse : au-delà du pur plaisir artistique, et aussi gnan-gnan que cela puisse paraître à certains, le message fraternel véhiculé lors de cette tournée, la coexistence des générations et l’acceptation des différences de chacun sont parmi les choses qui m'ont fait un bien fou en cette année toute moche.

Fais-en ce que tu veux.

Je ferme la parenthèse.

Au rayon galette, 2015 a aussi été un joli cru car elle a vu la sortie digitale de Maison Rock, le premier album de Selim (paru l'année précédente pour être précise, avec une pochette collector dessinée par lui-même). Pour moi, c’est là que ses qualités d’auteur se sont vraiment révélées. Ses textes sont très poétiques, sans pour autant qu’on ait l’impression qu’ils ont été écrits sous acide. Parmi les thèmes qui semblent chers à Joseph, on retrouve l’amour bien sûr, romantique ou filial, mais aussi une certaine idée de l’ambition, à la mode Chedid : être libre, être généreux, être créatif, aimer l’autre. Pas dégueu.

Des textes beaux et parfois sombres, qui trouvent tout leur équilibre dans l’interprétation de Joseph, qui sait y insuffler folie, légèreté et humour sans leur faire perdre leur sens.


Car la scène, à mes yeux, voilà la place de Selim. Il y est fantastique.

Hier soir, c’était finalement la première fois que je voyais un vrai concert de Selim tout seul comme un grand, avec un album à défendre. J’avais hâte.

La Maroquinerie, est une petite salle, en sous-sol, à l’atmosphère moite et sombre mais très chaleureuse. Je me souviens y avoir vu Rover et Miles Kane, et à chaque fois ce fut, pour ceux qui suivent, moite, sombre et chaleureux. Je m’étais dit que ce genre d’endroit collerait parfaitement à l’énergie de Selim et qu’il y donnerait un concert à son image, mi-rock mi-romantique, rockantique quoi. (pardon)

Je n’ai pas été déçue.

Dès que Selim entre en scène, on sent que ça va être le feu.

Il est un peu nerveux j'imagine, mais il chante bien, il semble heureux, très vite il danse et saute partout. L’ambiance monte. La plus grosse partie de la salle connaît manifestement Maison rock sur le bout des doigts et n’hésite pas à chanter.

Sur la scène, ça balance exclusivement de l’amour et des sourires. Si tu es venu pour te prendre la tête ou démarrer une baston, t’es pas au bon endroit. Ici, on s’aime.

C’est dans cet esprit d’amour, de fête et de lâchage complet que Selim offrira quelques titres inédits (qui donnent très envie de les ré-entendre, en particulier « dévoilez-vous » et ses couplets quasiment slammés, mon coup de coeur), terminera « l’infini » a capella (énorme moment), descendra deux fois dans la salle pour danser au milieu du public, et ne boudera pas son émotion de voir les gens chanter « les sirènes », « paranoïa » ou « ode aux envies », titres phares de Maison Rock.


Regarde comme elles sont belles mes photos (la bonne déconne) :



Le premier rappel, composé de « l’amour éternel » et « guérir », fut d’une beauté renversante.

C’est un avis personnel, mais moi, Cecilou, je suis toute bouleversifiée par la voix de Selim. Comme par celle de Cali, de Renaud, de Tom Waits, d’Arno, d’Arthur H. Une voix pas parfaite, qui sort parfois un peu des rails, mais qui vit, qui habite, qui donne. Je te parlais de « l’infini », débutée à la guitare et virée a capella à mi-chemin, accompagnée simplement par les battements de mains du public, et bien ça, c’est beau, c’est pour des moments comme ça que je vais voir des concerts. C’est ma définition de la perfection. Quand ça vient du cœur, c’est parfait. (cette phrase est cul-cul et je l'assume à 100 %, vilain cynique passe ton chemin)

Attention, c’était pas chanté n’importe comment non plus, ne confondons pas une voix parfois fragile avec le mec bourré dans le métro. Merci.


En sortant de ce concert, je savais que j’allais continuer à suivre ce bonhomme où qu’il aille.

J’aime ce début de parcours, cette attitude généreuse et ouverte aux autres.

J’aime aussi, car il est difficile de ne pas en parler, son attitude vis-à-vis de sa famille. Oui il est le fils de Louis Chedid et le frère de Matthieu Chedid, qui sont quand même carrément exceptionnels, oui la tournée familiale a été un gros coup de pub pour lui et Anna, mais il fait son chemin, avec simplicité et naturel, sans renier sa famille, bien au contraire, mais sans non plus chercher à marcher pile dans leurs pas et à n’être qu’un fils ou un frère.

Et dans quelques années, qui sait si on ne dira pas que Louis Chedid est le père d’Anna et Joseph ? C’est tout le mal que je leur souhaite.


Alors voilà.

Pour reprendre l’expression de Joseph, mes petits roudoudous, j’espère que je vous ai donné envie de découvrir Selim si ce n’est pas déjà fait.

Pour finir en beauté, après vous avoir infligé mes vilaines photos, une vidéo de « l’amour éternel », guitare-voix, pépouze, cliquez sans crainte, vos oreilles vous diront merci.




Je précise que la vue de toute la famille Chedid dans la salle ne m’a vraiment fait ni chaud ni froid, dans la mesure où ce sont des gens que je n’adore absolument pas, qui ne m’ont jamais émue, qui ne sont pas beaux et que même s’ils insistent je n’ai pas envie qu’ils m’adoptent.

(MYTHO 2000)



bottom of page