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Alerte coup de foudre – Kyan Khojandi joue « Pulsions », son nouveau spectacle.



Au moment de te raconter ma soirée du 12 février avec Kyan Khojandi (non y avait pas que nous, sinon c'est un rencard et j'en ai pas assez pour en faire un blog), je me suis rendue compte que, spontanément, je commençais à peu près comme mon billet sur le spectacle de Baptiste Lecaplain : j'y étais allée à reculons.

Il faut dire que je ne suis pas une grande fan de « Bref », le programme court qui a fait connaître Kyan en 2011.

A priori je n'avais donc aucune raison de m'envoyer tout la ligne 9 jusqu'à Boulogne Billancourt pour le voir sur scène.

C'était compter sans l'intervention divine de Matthieu Chedid. Divine, parfaitement.

En mai 2015, j'étais comme bien souvent collée à la barrière pour le concert que -M- donnait au bénéfice du Secours Populaire. Un concert un peu particulier où Matthieu avait invité plein de copains et de copines à monter sur scène avec lui. Parmi eux il y avait Kyan Khojandi, qui après quelques faux départs assez drôles a fini par interpréter avec lui « je dis aime » en l'accompagnant au violon. Et non seulement c'était très réussi mais surtout, Kyan était manifestement heureux comme un gamin et avait presque les larmes aux yeux d'être là.


Regarde et essaye de ne pas le trouver cromimi :



Voilà.

Pas plus.

Kyan aime Matthieu Chedid. J'aime Matthieu Chedid. J'aime Kyan.


En septembre dernier, je passe quelques jours à Montréal, je discute avec un montréalais dans un café et il me parle de quoi ? Du nouveau spectacle de Kyan Khojandi, qu'il est venu rôder ici et qui l'a fait « capoter ». Voyant dans mon regard poliment déstabilisé que je pense qu'il a couché avec Kyan, il précise « c'est super, si t'as l'occasion vas-y ».


C'était décidé j'allais tenter la Khojandi Experience.

A Boulogne Billancourt.

On est peu de chose.


Et à ma grande surprise, j'ai adoré.

Et moi quand j'aime une fois j'aime pour toujours, donc : le prochain connard, genre moi la semaine dernière, qui me dit « ouais enfin Kyan Khojandi c'est pas un génie non plus » n'aura droit qu'à mon plus profond mépris, probablement accompagné d'un « pfff » vraiment hostile.

(Jamais de violence, je suis au max.)


Alors qu'est-ce qui a bien pu me faire passer de « oui, bof » à « yeaaaaah baby !!!! » ?


Evidemment, j'ai beaucoup ri. Mais pleuré de rire, tu vois ? Pas le petit rire poli, pas la marrade sympa mais vite oubliée pour passer à « c'est pas tout ça mais j'ai faim ».

De la bonne grosse barre de rire.

Sur des sujets peu souvent abordés dans les one man shows. Comme la masturbation. Avec des anecdotes très bien documentées, on sent le travail de recherche. Il y a du mime aussi, avec quelques idées pour égayer le quotidien. Très sympa. Pas évident à recaser en soirée mais sympa.

Plus généralement, le titre du spectacle, « Pulsions », permet de balayer des thèmes plus ou moins tabous. Tout ce qui est hors de notre contrôle et donc ne nous met pas forcément en valeur, ce qui fait ressortir notre animalité ou même simplement notre spontanéité.

Pulsion sexuelle, pulsion de bouffe, pulsion de vie, pulsion d'amour, pulsion de vengeance, tout y passe.

Ces pulsions qui nous traversent à ces moments de nos vies où on est finalement tous pareils. Les mêmes enfants, les mêmes ados, les mêmes adultes.


J'ai été aussi très touchée, émue même.

Parce que pour le coup, sur un sujet bien précis, on est les mêmes Kyan et moi.

On a tous les 2 perdu nos papas, passé des moments durs mais importants avec eux à l'hôpital, on apprend à vivre sans eux, on rumine contre les gens qui nous ont laissé affronter ça tout seuls. On se fait notre petite définition du bon souvenir.

On se remémore ce qu'ils nous ont appris, le père de Kyan ayant, un peu plus que le mien, un réel sens de la formule. Mon père sa grande phrase était « c'était dégueulasse mais j'ai bien mangé », je cherche encore ce que je vais bien pouvoir faire de ça.

De tout ça, Kyan parle. Avec ses mots à lui, avec justesse, il donne un peu de son intimité, et ça m'a bouleversée à un point... Je n'aurais sans doute pas dit mieux. Je ne crois pas non plus que j'aurais réussi à rire ou à faire rire avec ce sujet.

Ceci dit, j'ai eu l'impression que tout le monde était sincèrement touché par ces moments du spectacle, peu importe l'histoire personnelle de chacun après tout, comment ne pas se sentir concerné ? Parce que ça nous arrive à tous et aussi parce que sur scène, tu sens beaucoup de sincérité.

J'en veux toujours un peu aux gens qui m'émeuvent en public, parce que c'est impudique, et qu'ils le savent en plus, j'ai toujours envie de leur dire mais c'est quoi ton problème, t'es sadique ou quoi, fais-moi rire et pis c'est tout. Par exemple, j'étais furax contre Guillaume Canet qui avait sorti « les petits mouchoirs » justement quand mon papa était à l'hôpital.

Oui je ramène un peu tout à moi.

Mais après, je pardonne (ne me remerciez pas les gars) parce que je sais que c'est un cadeau de leur part de partager des choses profondes avec nous, et que c'est une bonne nouvelle que je sois pas encore complètement insensible.


Des fous rires comme des larmes aux yeux, tu sors de ce spectacle avec quasiment des petites leçons de vie.

Retrouver ton âme d'enfant.

Ne pas avoir honte de tes pulsions.

Dire au regard de l'autre d'aller se faire voir.

Chérir les « bons gens ».

Leçons de vie, mais pas donneur de leçon, puisque Kyan admet lui-même qu'il a pris conscience de plein de choses, mais que pour autant il n'a rien changé. Là encore, comme nous tous non ? On sait, mais on fait pas.


En sortant du spectacle de Kyan Khojandi, dans ce petit théâtre à Boulogne, ma première pulsion a été de retourner le voir à l'Européen, où il jouera du 10 mars au 30 avril.

Pour que le bon moment que je venais de vivre ait vite un petit frère.


Je réfléchissais aussi à ce qui avait pu me faire passer à côté du phénomène « Bref », alors que j'aime tant ses acteurs : les spectacles de Baptiste Lecaplain et Bérengère Krief, le si beau film de Kheiron, ce spectacle de Kyan Khojandi.

Je crois que je ne suis pas faite pour les programmes courts. J'aime bien qu'on me raconte les choses, qu'on prenne son temps. Savoir observer le quotidien et en extraire nos points communs, nos bons et nos mauvais côtés, c'est formidable, mais la punch line « bref, j'ai mangé des crêpes/mis un pull bleu/pris rdv chez le coiffeur », ça me laisse sur ma faim.

J'ai sans doute aussi été victime de l'effet « phénomène » justement. Quand j'ai regardé un épisode de Bref pour la première fois, ça faisait déjà des semaines que j'entendais tout le monde dire que c'était géniâââl, donc je m'attendais à Woody Allen qui aurait mangé Alexandre Astier. Et j'ai vu Kyan Khojandi qui mangeait des chips.


Enfin c'est pas grave tout ça.

Maintenant Kyan je l'aime et ceux qui me connaissent (donc 100 % des lecteurs de ce blog) savent ce que ça veut dire : saoulage 2000.

Bien vu mes chéris, vous allez prendre cher.


Pour finir, je suis pas très « ma région a du talent », mais je ne peux que constater qu'à Reims, y a quand même de bons gênes : les Shoes, Vincent Segal, Yuksek, Robert Pirès (champion du monde ma gueule), Jeanne Added, Brodinski, Kyan Khojandi, moi.

Ca va parler à 4 personnes mais tant pis, moi je dis on se retrouve au Gaulois pour fêter ça.





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